Nora “Rara” : une vision artistique et humaine des sports électroniques
La rentrée est arrivée et, avec elle, l’énergie d’une nouvelle année scolaire et collégiale. Dans ce contexte d’effervescence, nous souhaitons mettre de l’avant un portrait inspirant d’une joueuse et coach d’Overwatch, Nora “Rara”, qui incarne à merveille la mission de la FQSE : faire des sports électroniques un vecteur d’éducation, de persévérance et de créativité.
Du plaisir de jouer à la compétition
Elle découvre Overwatch en 2007, après avoir exploré d’autres jeux. Rapidement, son talent s’affirme : de Gold à Diamant, puis jusqu’à Grandmaster dès la saison suivante. C’est à ce moment qu’elle plonge dans la compétition.
Aujourd’hui, elle est Flex DPS – capable de s’adapter à plusieurs héros – et se distingue par sa polyvalence et sa vision stratégique. Elle explique :
« Avant, je jouais tout simplement. Aujourd’hui, je comprends qu’il y a un aspect artistique, comme dans les sports traditionnels. Mon héros préféré, c’est comme un pinceau, et le jeu, c’est ma toile. »
Pour elle, la compétition n’est pas seulement une question de victoires : c’est une pratique qui mène à l’amélioration constante et qui enrichit toutes les sphères de la vie.
Photo prise lors du PANDAS Lan, Juin 2025.
Coach : apprendre en jouant
Au-delà de la performance individuelle, elle joue un rôle essentiel : celui de coach. Sa vision est claire : un coach n’est pas seulement quelqu’un qui connaît le jeu, mais surtout quelqu’un qui sait accompagner des personnes à différents stades de développement.
Elle utilise une analogie qui lui tient à cœur :
« C’est comme à une fête avec des amis : il y a toujours quelqu’un qui lit les règles d’un jeu de société et qui dit on va apprendre en jouant. Pour moi, c’est ça le coaching. Le vrai apprentissage arrive quand les réalités de chacun se rencontrent. »
C’est cette approche humaine et bienveillante qui inspire ses coéquipiers et qui illustre à quel point l’encadrement est fondamental dans les sports électroniques.
Une passion qui dépasse le jeu
Musicienne de formation (DEC en musique), aujourd’hui en cheminement universitaire en philosophie, elle tisse naturellement des liens entre son parcours artistique, sa réflexion académique et sa pratique du esport.
« J’observe les comportements dans le monde compétitif comme dans le reste de la société. Je pense que mes connaissances me servent toujours. Que ce soit en jeu vidéo, en musique ou autre domaine, toute personne qui pratique une discipline doit apprendre à apprendre, doit se confronter à divers aspects sociaux et peut trouver un endroit où elle peut s'exprimer et tailler sa place.»
Cette curiosité et cette ouverture se reflètent dans sa manière d’aborder le jeu, mais aussi d’accompagner les autres.
Défis et persévérance
Pourtant, le chemin n’a pas été sans embûches. Issue d’un milieu où les jeux vidéo étaient perçus négativement, elle a longtemps dû justifier sa passion :
« Une mauvaise note ? C’était forcément à cause des jeux. Fallait réduire mon temps d’écran. Mais pour moi, c’était ma façon de m’exprimer. »
Avec le temps, une certaine tolérance s’est installée, mais elle souligne que les préjugés persistent – comme c’est encore le cas dans plusieurs disciplines artistiques.
Une vision pour l’avenir
Active aussi dans des initiatives de diversité, elle a participé à la ligue Calling All Heroes, destinée à promouvoir la compétition chez les femmes et les personnes issues de la diversité de genre.
Elle souhaite maintenant que le Québec et le Canada rattrapent leur retard dans la reconnaissance et la valorisation des sports électroniques :
« Ailleurs dans le monde, les esports sont promus sérieusement, comme les autres sports. Ici, on est en retard. Pourtant, on a des gens passionnés qui se donnent à fond. Ce sont eux qui font vivre l’activité, mais on ne les valorise pas assez. »
Son expérience dans la Ligue collégiale de sports électroniques (LCSE) lui donne d’ailleurs l’impression que, pour la première fois, sa voix compte : sondages internes, discussions entre coachs, partage d’expérience… autant de moyens de construire collectivement.
Un message pour la relève
Elle insiste aussi sur un point trop souvent oublié : l’importance du soutien psychologique dans le monde compétitif. Comme en musique ou dans le sport, il faut accepter d’essayer, d’échouer, et de recommencer.
« L’école, c’est fait pour apprendre à échouer et à continuer. On a besoin de perdre pour mieux apprécier la victoire. »
Conclusion
Ce portrait met en lumière une joueuse et coach qui démontre que les sports électroniques ne sont pas seulement une compétition : ce sont aussi un art, un outil d’apprentissage et un espace de rencontre humaine. Sa vision illustre parfaitement pourquoi la FQSE continue de promouvoir les esports comme un vecteur d’éducation et de développement au Québec.
Auteur : Michael Daudignon, pour la FQSE.